samedi 2 juin 2012

De la règle de droit à la désobéissance civile


Les évènements des derniers mois au Québec nous ont permis de mettre en perspective des tensions et visons parfois radicalement opposées.

Les médias relaient constamment le discours des certains groupes de pressions, exprimant que ces derniers évènements ont donnés lieu à des violations des droits humains, notamment par la loi 78, et le « droit de manifester ».

Quelques précisions légales

En tout premier lieu, les mots « manifester » ou « manifestation » n’existent pas dans la Charte canadienne des droits et libertés. On parle plutôt de liberté de réunion pacifique (art. 2c).

On ne parle cependant pas beaucoup de l’article 1 de cette même Charte qui affirme que : La Charte canadienne des droits et libertés garantit les droits et libertés qui y sont énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une société libre et démocratique.

Donc, il est possible, suivant des circonstances sérieuses, de limiter un droit, si cela est fait de manière raisonnable et que cela puisse se justifier dans un pays mettant de l’avant la « Règle de droit » et la démocratie.

La loi 78

La loi 78 n’empêche pas le droit de réunion pacifique, elle ne demande qu’un itinéraire huit heures à l’avance, fourni aux policiers. Cela est déjà en vigueur dans la plupart des villes en Occident. Je ne pense donc pas qu’il s’agisse là d’une violation à la Charte injustifiable dans le cadre d’une société libre et démocratique. Quand aux autres dispositions de la loi, laissons les tribunaux se prononcer.

L’abus de droit

L’article 6 du Code civil du Québec mentionne que « Toute personne est tenue d'exercer ses droits civils selon les exigences de la bonne foi ».

L’article 7 du Code civil du Québec mentionne que « Aucun droit ne peut être exercé en vue de nuire à autrui ou d'une manière excessive et déraisonnable, allant ainsi à l'encontre des exigences de la bonne foi ».

La notion juridique « d’abus de droit » a été maintes fois analysée et circonscrite par les tribunaux canadiens et québécois, notamment par la Cour suprême du Canada dans l’affaire Houle c. Banque canadienne nationale, [1990] 3 RCS 122 http://canlii.ca/t/1fsqg

Même la Charte québécoise prévoit à l’article 9.1. que « Les libertés et droits fondamentaux s'exercent dans le respect des valeurs démocratiques, de l'ordre public et du bien-être général des citoyens du Québec ».

Or, on assiste actuellement aux demandes d’un groupe d’étudiants réclamant le droit de manifester et ce, soir après soir, en envahissant les rues de la Métropole, sans aucunement se soucier des conséquences sociale, économique ou humaine pour le reste de la population qui, elle aussi faut-il le rappeler, possède également le droit de circuler paisiblement.

Pire encore, on appel même à la désobéissance civile et à la perturbation d’évènements sportifs et récréatifs, comme le Grand Prix de Formule 1 de Montréal.

On est bien loin du simple droit « de réunion pacifique ». Les activités de perturbation économique et les appels aux boycotts et à la désobéissance civile ne figurent pas à la liste des garanties prévues à la Charte, n’en déplaise à certains.

Ces auteurs de perturbation s’exposent même à des poursuites en dommages et intérêts au civil, pour avoir enfreint les droits « des autres », soient ceux de la majorité silencieuse, qui soir après soir, endure les comportements et agissements des perturbateurs.

Actuellement, un large segment de la population est littéralement pris en otage chaque soir, par des groupes de pressions syndicalisés et dont l’agenda est essentiellement guidé par leurs propres intérêts économiques et corporatifs et non pas pour le « bien commun » comme ils tentent si bien de nous le faire croire, à renfort de grande déclaration et de gargarisme de notre « Nous collectif ».

Il est grandement temps de responsabiliser l’Individu, dans cette société québécoise du « No-fault » où il n’y a jamais personne responsable de rien.

Il est également plus que temps que les citoyens puissent reprendre possession de leur ville, de leur quiétude, de leur paix sociale et ce, sans céder au chantage exercé par des groupes de pression.  Il est maintenant plus que temps de mettre de côté l’opportunisme politique, de même que les partisanneries de divers lobbys.

Louis Sirois, avocat

vendredi 6 janvier 2012

Construction d’un État Policier : les USA sont-elles au bord de la désobéissance civile ?


Le climat politique, économique et social américain des 4 dernières années me laisse particulièrement perplexe : le Gouvernement US est-il en train de se préparer et de mettre en place un État Policier, en vue de prévenir un imminent soulèvement populaire et autres actes de désobéissance civile majeure ?


Un peu d’histoire


En 2001, attentat du World Trade Center, NY. Le gouvernement américain crée le DHS, une hyper agence de sécurité, supervisant les autres agences de sécurité civile et de protection. Des pouvoirs énormes lui sont conférés, tant sur les questions d’immigration qu’à l’interne. Puis ensuite le USA Patriot Act.


On voit alors un climat de méfiance, de peur et de paranoïa s’installer au cours de la décennie des années 2000.


En 2008, crash majeur des finances, des banques et des hypothèques résidentiels. Des milliers d’américains perdent leur emploi, des centaines de milliers de personnes perdent également leur maison, dans des circonstances plus que très douteuses. On n’a qu’à penser au scandale de la Bank of America sur les manquements juridiques importants, dans les processus de reprise de finance (forclosure).


Loin de s’améliorer, le climat se dégrada encore plus, quand le Président Obama décide d’imprimer littéralement des milliards de dollars, pour les donner aux banquiers, afin de les aider à éponger les dettes construites sur le dos des clients depuis des années. Tout cela sous le regard des américains qui subissent des pertes d’emplois, chômage record, reprise de maisons par les banques.


En même temps, les finances publiques américaines sont catastrophiques. Des débats déchirants ont lieu entre démocrates et républicains, sur la question de savoir si oui ou non on doit soulever encore, le ratio par lequel le gouvernement a droit de s’endetter encore plus. En effet, la dette américaine est telle que suivant la loi en place, le gouvernement ne devrait plus avoir le « droit » de dépenser encore plus… mais les USA doivent honorer et préserver leur note de crédit, laquelle pour la première fois de l’histoire, a été revue à la baisse.


L’ensemble de ces facteurs a conduit à la mobilisation des américains et se concrétise par le Mouvement Occupy en septembre 2011, d’abord à NYC, puis rapidement dans le reste des USA et du monde entier. La classe moyenne, les 99 % comme ils se désignent, arrive à un niveau de stress financier et d’intolérance sociale qui frise la désobéissance civile.


Simultanément, on assiste également à une montée planétaire d’un collectivisme se désignant comme « Anonymous ». Ce groupe d’individus, sans véritable chef de clan ou autre, regroupe sous une pensée commune des idéaux visant à faire entendre la voix des 99 %. Ils se sont particulièrement illustrés en effectuant diverses opérations d’hacking, contre des cibles qu’ils jugent nuisibles, malhonnêtes ou trop pro-gouvernementales. On pense notamment aux entreprises Visa, Master Card, et Pay Pal, qui ont toutes été piratées, pour avoir coupé les vivres à Julian Assange et Wikileaks.


Récemment, Anonymous a également piraté le site de l’entreprise privée Stratfor, spécialisée dans la vente de renseignements d’intelligence économique et politique.


Que fait Obama pendant ce temps ?


Le gouvernement américain est en train de mettre en place une série de lois et de mesures excessivement radicales qui, lorsqu’elles sont prises dans leur ensemble, créent carrément un État Policier, par lequel la branche exécutive (Police, FBI, DHS, Armées) pourra appliquer des mesures martiales, suivant leur propre agenda. Notamment, on pense aux lois SOPA (censure de l’Internet) et la NDAA (détention illimitée de citoyens par l’armée, sans accusation, ni comparution ou droit à l’avocat).


En effet, pour éviter une utilisation « non appropriée » de l’internet (ex : rôle de Twitter et Facebook durant le printemps arabe) ou pour régler « à l’interne » le problème de Guantanamo avec la NDAA, le Président Obama a mis la table, en accordant préalablement aux autorités, tous les pouvoirs requis afin de mater une tentative de soulèvement populaire.


Jamais, je n’aurais cru écrire de pareilles lignes au sujet des États-Unis d’Amérique, terre de la liberté d’expression. Mais les mesures radicales mises de l’avant par un Président démocrate, me pousse sincèrement à croire que ce n’est pas de gaieté de cœur que le tout est voté. Il y a péril en la demeure et le gouvernement sait trop bien que la situation actuelle risque d’exploser à tout moment. On veut être prêt pour le « Jour » où cela va se produire. Car la question n’est plus de savoir « si », mais bien « quand » ? Pour peu, on pourrait croire que les camps de la FEMA sont sur le point de « ré-ouvrir » mais ça, c’est une autre histoire.


Louis Sirois, avocat