vendredi 4 novembre 2011

Pourquoi je supporte le mouvement #Occupy des Indignés


Je suis un avocat en droit fiscal. Je pratique à Québec et Montréal. Je travaille à mon propre compte, mes clients sont des gens ordinaires, ceux que l’on qualifie comme étant les 99 %, tout comme moi d’ailleurs.


Je ne suis ni un hippie, ni un socialiste, ni un communiste, ni à gauche. Globalement, je dirais même que mes idées politiques, sociales et économiques vont davantage vers la droite.


Mais aujourd’hui, tout cela importe bien peu.


Notre société vit définitivement un profond malaise. Depuis des mois, on sent une montée de l’écœurement global, face à nos institutions politiques et financières. À la grandeur de la planète, des jeunes et moins jeunes ont choisi de s’exprimer en occupant physiquement les lieux symboliques de notre société occidentale. On leur reproche souvent d’avoir des revendications nébuleuses, chaotiques, voire même de faire la promotion des idées de gauche.


Tout cela importe bien peu. Le message n’est pas tant dans les revendications exprimées sur les affiches, mais bien dans le phénomène en soi.


La marmite bouille et tout est sur le point de voler en éclats. Le système européen est sur le bord de l’effondrement, la zone Euro risque de disparaître. L’économie du géant US est au désespoir, les dettes souveraines, incluant évidemment celle du Québec, sont astronomiques.


Depuis quarante ans, nous vivons à crédit et refilons la facture sur les générations suivantes. Or, la « génération suivante » réalise l’état des lieux et refuse de payer pour les abus des 4 dernières décennies.


La corruption, la collusion, le copinage sont également autant de tares sociales qui ne viennent qu’empoisonner encore plus une situation critique. Le système capitalisme n’est pas mauvais en soi. Nous avons un bon scénario, ce sont les acteurs qui sont pourris. Nous vivons cependant une profonde crise d’éthique, qui est, selon moi, la véritable source du problème. Des banquiers de plus en plus véreux, prenant de plus en plus de risques pour satisfaire l’appétit de plus en plus vorace de leurs clients institutionnels, qui doivent de plus en plus faire face à un déficit actuariel de leur régime de pension astronomique.


À chaque jour, dans ma pratique d’avocat en litige fiscal, je vois des gens de plus en plus désabusés, qui ont maille à partir avec le fisc, qui lui aussi est de plus en plus vorace et agressif dans les mesures de recouvrement. Mes clients doivent parfois choisir entre payer leur impôt ou nourrir les enfants. Payer les taxes ou l’épicerie. Payer des intérêts sur dette fiscale doublant leurs cotisations d’origines, ou se faire fermer leur commerce.


Il y a définitivement un fossé qui se creuse entre riches et pauvres. La classe dite « moyenne » est en voie d’extinction. L’Occident est en train de se tiers-mondialiser. Monsieur et Madame « Tout-le-Monde » ont perdu le contrôle sur leur finance personnelle, au même titre que nos gouvernements ont carrément échappé celle de l’État.


Mes clients, trop occupés à travailler pour payer les dépenses de l’État n’ont pas le temps, ni les ressources d’occuper les squares de ce monde. Mais, ils sont tous indignés de cette situation.


Évidemment, tout cela n’est pas nécessairement exprimé sur les affiches traînant ci et là sur les sites occupés. Mais les jeunes, eux, ont cette rage au cœur et l’exprime par le média d’un mouvement global, qui est en train de devenir une seconde révolution sociale, après celle de Mai 68’’.


Nous assistons définitivement à un tournant historique de notre société.


Louis Sirois, avocat

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